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Grandvalira, princesse des pistes en Andorre

Grandvalira, princesse des pistes en Andorre

GUIDE DE VOYAGE – Entre tapas et joie de la glisse, cap sur la plus grande station de la principauté qui fête ses quinze ans, et accueille les finales de la Coupe du monde de ski alpin 2019 du 11 au 17 mars. Une première dans les Pyrénées.

Lorsqu’on arrive en Andorre venant de Toulouse, par la vallée de l’Ariège, on est saisi d’un complet et immédiat dépaysement. La route décrit dans les derniers kilomètres de larges courbes, paysage esseulé, monts pelés quasi désertiques. Puis survient un poste-frontière démesuré qu’on franchit haletant – on a un peu perdu l’habitude – conscient de quitter tout à la fois la France mais aussi l’Europe dont la principauté n’est pas un État membre. Coincé dans un cirque de montagnes entre la France et l’Espagne, le pays a deux passions, le commerce détaxé, activité qui a transformé ses villes en de vastes supermarchés, et le ski, dont le domaine couvre un tiers de son territoire!

«L’enseignement du ski est obligatoire dès la maternelle jusqu’à la fin des études», explique Marco, un jeune Andorran en charge des réseaux sociaux de la station de Grandvalira. On l’a bien compris, la montagne est dans les gènes de ses 25 000 compatriotes sur les 80 000 habitants que compte le pays. Un État que dirigent deux coprinces, le président de la République française et l’évêque de Seu d’Urgell, première ville du côté espagnol.

Grâce à ce double parrainage, hérité côté français du comte de Foix, le pays a garanti son indépendance. Sans la signature des deux souverains, aucune loi n’est promulguée. Le prélat est le plus actif et pèse de tout son poids sur la vie nationale avec comme résultat, notamment, l’absence de casino et de jeux d’argent en Andorre Un particularisme local qui n’empêche pas ce petit pays et ses habitants de pencher pour un art de vivre festif et opulent jusqu’aux pistes de ski.

Les chalets de bois sont quasi absents du paysage montagnard, au profit de maisons en granit aux toitures d’ardoise.

Ne cherchez pas le village de Grandvalira, son clocher et sa mairie. Il n’existe pas. La station avec 210 km de pistes, présentée par une astucieuse formule marketing comme «la plus importante du sud de l’Europe», regroupe six secteurs, autrement dit six portes d’entrée pour accéder à son domaine: Le Pas-de-la-Case, le plus proche de la France, Grau Roig, Soldeu, El Tarter, Canillo et Encamp. Chacun possède un front de neige sur lequel se déploient des équipements identiques: parking, remontées mécaniques, école de ski, garderie, centre de secours, bars et restaurants. Une organisation déroutante des sports d’hiver pour les Français. S’ajoute un urbanisme différent. Les chalets de bois sont quasi absents du paysage montagnard, au profit de maisons en granit aux toitures d’ardoise. Côté hôtels, ils sont luxueux, construits dans des matériaux nobles, à la décoration intérieure très soignée. Créé il y a quinze ans, Grandvalira est donc un fantôme dont le nom définit juste une marque.

Une fois sur le massif, on oublie vite le secteur sur lequel on skie. D’autant que le domaine est très homogène et se situe entre 2 560 m (le pic Llosada) et 1 500 m (Canillo). Des pistes plutôt XXL, un peu comme des champs de neige, émerge parfois une borda, maison de berger. On découvre des vues sublimes. Le plus beau point de vue est au sommet du pic Blanc (2528 m) d’où l’on plonge dans un aplomb ébouriffant sur la ville du Pas-de-la-Case. Une piste rouge, la Directa 1, plutôt sportive, y conduit. Parfois, changement de décor, un chemin forestier se faufile entre les pins noirs et les sapins, aiguilles vertes saupoudrées de neige, comme sur le Cami de Pessons, une piste qui conduit du sommet de Cubil jusqu’au beau lac de Pessons.

Les 129 pistes de Grandvalira sont plutôt du ski facile avec 49 bleues et 20 vertes. Les 41 pistes rouges justifient souvent leurs couleurs par la présence d’un ou deux murs. Une fois ces difficultés franchies, on glisse sur des pentes moins accidentées qui se rapprochent des pistes bleues. En pratique, ce qui est très agréable sur ce domaine, c’est la longueur des descentes, rarement entrecoupées par le recours à une remontée mécanique. La plus longue, Gall de Bosc, part de Tosa dels Espiolets puis descend jusqu’à la porte d’entrée de Soldeu sur plus de 8,2 km. Les enfants ont leur propre piste, très ludique, baptisée «Imaginarium», filant dans les sapins à travers des arches de tissus colorés et dotée de jeux d’adresse. Quant aux skieurs très chevronnés, 19 pistes noires leur assurent de belles émotions, dont Aliga et Avet, aux dénivelés impressionnants. Elles accueilleront les finales de la Coupe du monde de ski alpin 2019 du 11 au 17 mars. Une première dans les Pyrénées.